Tout d'abord, Maitriser la Topographie est un ouvrage qui vient a point nomme pour combler une grave lacune dans la disponibilite de traites techniques, dans notre specialite, rediges en langue francaise. Ceux existants, malgre leurs grands merites, etaient devenus trop anciens pour presenter la topographie sous toutes les facettes qui sont les siennes actuellement. Ce domaine a en effet considerablement evolue en peu d'annees, tant par les materiels et les technologies disponibles, que par les habitudes techniques qui en ont resulte dans diverses situations professionnelles. Les mesures de distances, par exemple, ne se font pratiquement plus par les methodes optico-mecaniques (methode parallactique, tacheometres reducteurs a traits mobiles, etc.) qui ont represente en leur temps d'extraordinaires prouesses d'instrumentation ; elles ont ete systematiquement remplacees par les appareils de mesure electronique des distances, de bien meilleure productivite. La triangulation classique, qui servait aux geodesiens mais aussi sur toutes sortes de chantiers de topographie, est progressivement en train de laisser la place aux methodes GPS, dont seuls les couts encore eleves des materiels empechent la systematisation de l'emploi. Le nivellement direct fait de plus en plus appel a des methodes entierement automatiques, y compris les lectures de mire. Et la plupart des topographes ne travaillent desormais plus avec des theodolites optico-mecaniques, qui laissaient toujours un certain risque d'erreur de lecture et exigeaient de multiples reports manuels des observations sur des carnets de terrain, sources de bien des fautes ; aujourd'hui, ils utilisent a peu pres tous des stations totales, tacheometres entierement electroniques dont la precision est excellente et dont l'ergonomie a relegue aux oubliettes leurs predecesseurs pourtant fort meritants.

Mais l'emploi systematique de ces materiels electroniques ne doit pas pour autant faire oublier le besoin absolu qu'ont les geometres de bien comprendre tout ce qui se passe dans leurs appareils. Le syndrome de la boite noire, qui pousse volontiers a penser que puisque l'appareil a trouve telle ou telle valeur et l'a affichee c'est qu'elle est forcement vraie (tout ce qui se passe dans cette boite noire est tellement evolue qu'il ne peut y avoir d'erreurs ... ), doit etre maintenu aussi en retrait que possible, comme l'auteur le fait ici ; et ce d'autant plus dans un tel ouvrage largement destine aux etudiants, dont l'age facilite une grande receptivite aux innovations. Si l'ergonomie et le rendement de nos outils ne cessent de s'ameliorer, les bases de leur fonctionnement et leurs erreurs typiques n'ont pas change et n'ont que tres rarement beneficie de l?arrivee massive de l'electronique. Ce n'est donc pas le moindre merite de Michel Brabant que d'avoir cherche a rendre dans ce livre la constance de la demarche du topographe, pleinement responsable de son travail et capable de critiquer ses propres resultats de facon objective grace a une connaissance approfondie de ses outils : ce n'est pas parce qu'un tacheometre est electronique que pour autant le modele d'erreurs liees aux imperfections disparait. La collimation le tourillonnement, les defauts de coaxialite, etc. sont toujours aussi presents que dans les theo-dolites optico-mecaniques des annees soixante. Et l'analyse d'erreurs que l'on peut faire sur le nivellement direct n'a rigoureusement pas change maintenant que les niveaux, eux aussi, sont electroniques et lisent tout seuls les mires a codes-barres. Il etait donc necessaire de presenter de facon pointue ces differents modeles d'erreurs instrumentales, afin que nos etudiants puissent acceder a une connaissance complete de leurs appareils et de leurs defauts originels.

Cet ouvrage, en outre, permet a tout un chacun de faire un inventaire exhaustif de toutes les facettes techniques du metier de topographe. Elles sont fort nombreuses et le plan general adopte les presente dans un ordre logique et rigoureux, un ordre de topographe donc : les observations et mesures, avec les aspects theoriques necessaires a des etudiants geometres-topographes, puis les differentes methodes de leve et d'implantation exploitant ces observations enfin le traitement des donnees : calculs et dessins.

Pour terminer, je salue la redaction de ce traite qui va pour pas mal d'annees nous fournir l'appui ecrit necessaire aux enseignements de la topographie. Je salue aussi le remarquable travail de Michel Brabant, qui a souhaite nous faire partager sa grande experience de l'enseignement. Lorsque, les techniques evoluant plus vite que jamais, cet ouvrage sera devenu en partie obsolete, je demande solennellement a ceux qui prendront la releve de faire le travail de mise a jour necessaire, afin de mettre a la disposition des etudiants un ouvrage de meme niveau que celui-ci. Que l'enormite du travail ne les arrete pas : si leurs anciens l'ont fait, pourquoi ne le feraient-ils pas aussi ?