Interview de Vincent Luc

Appareils photo : Nikon, Canon ou les deux ?

Photo de l'auteur

Après plusieurs années de pratique du noir et blanc argentique, Vincent Luc a suivi l'évolution du numérique depuis que cette technologie a émergé.
Devenu formateur et testeur pour le magazine Réponses Photo et auteur aux Éditions Eyrolles/VM, il ne quitte jamais son appareil ! Auteur de nombreux ouvrages sur les appareils photo Nikon et Canon, il nous donne quelques éléments de comparaison entre ces différents boîtiers.

Vous avez testé et présenté, à travers plusieurs ouvrages publiés aux Éditions Eyrolles (sous la marque VM), de nombreux appareils photo Nikon et Canon. Si vous ne deviez en utiliser qu'un seul, lequel choisiriez-vous ?

Vincent Luc : L'appareil m'ayant laissé le meilleur souvenir, parmi ceux avec lesquels j'ai travaillé pour les livres, est sans hésiter le Nikon D200.
Un boîtier très agréable à utiliser, bien construit et solide sans être trop encombrant ni trop lourd, doté qui plus est d'un beau viseur - un point qui a une extrême importance pour moi.

Quels sont les appareils avec lesquels vous travaillez habituellement ?
Aerotrain

V.L. : Professionnellement, il m'a fallu évidemment "passer en numérique" assez rapidement. Après divers tâtonnements, je me suis fixé sur un Canon EOS 5D en raison de son exceptionnel viseur et de la qualité de son capteur.
J'ai donc fait des concessions sur la fabrication et le confort d'utilisation qui, selon moi, sont bien en deçà de ceux du Nikon D200.
Pour ce qui est de mes travaux personnels, je reste fidèle à l'argentique et aux appareils télémétriques Leica M. Le ressenti est totalement différent, la perception des autres l'est aussi et c'est un matériel léger et discret avec lequel je suis bien plus à l'aise et avec lequel j'ai autrement plus de plaisir à travailler.

Parmi les appareils que vous présentez : D200, 350D, D80, etc. quels sont ceux qui sont les plus adaptés quand on débute ?
Aerotrain

V.L. : Les Canon 350D, 400D et le D80 peuvent être considérés comme des appareils pour "amateur", au sens littéral, c'est-à-dire "celui qui aime".
Ce sont des boîtiers sans défaut majeur et dont les possibilités techniques sont élevées, ce qui permet d'évoluer dans sa pratique photo.
Le D200 de Nikon est plus abouti et se rapproche davantage de l'appareil semi-pro. Beaucoup plus évolué, il peut effrayer l'amateur (et même l'expert) par la profusion de ses réglages et des possibilités de personnalisations.
Paradoxalement, ce sont tous ces raffinements qui permettent de se simplifier la vie en se faisant un appareil à sa main, plus simple à utiliser, et qui permet de se concentrer sur l'essentiel : l'image.

Quels sont les points forts et les points faibles de chacun de ces appareils photo ?
Tête en l'air

V.L. : Il est bien difficile de répondre à cette question en quelques mots : même dans les livres en plus de 300 pages, j'ai l'impression d'oublier des choses !
Mais en général et en très très très résumé, Canon se distingue par une bonne qualité des images, même en haute sensibilité.
En revanche, le zoom livré dans le kit est assez décevant et ne permet pas de tirer le meilleur parti des 350D et 400D par exemple.
Leur construction reste par ailleurs assez légère, et leur compacité n'a pas que des avantages, notamment pour le viseur et la prise en main...
Chez Nikon, les hautes sensibilités sont un peu en retrait, mais les D80 et D200 disposent d'une meilleure construction et d'un viseur plus confortable. L'autofocus (AF) est aussi plus performant...

Quelles sont les principales différences entre les appareils Nikon et Canon ?
Bless America

V.L. : Pour une utilisation familiale amateur, on ne trouve plus vraiment de "mauvais" appareils, qualitativement parlant. Les différences peuvent se situer au niveau de la qualité des images, mais sur des points bien précis : gestion des hautes sensibilités, dynamique, rendu des couleurs...

Mais ce qui compte est de disposer d'un appareil avec lequel on se sente à l'aise, que ce soit un Nikon ou un Canon. La gestion des fonctions, l'ergonomie et la construction sont différentes d'une marque à l'autre, l'offre en matière d'objectifs (que l'on oublie souvent) l'est aussi, et ce sont pourtant des points à prendre en compte.

Il est très important de cerner ses besoins, quitte à se faire aider, et de manipuler les appareils pour trouver celui qui correspond le mieux à ses attentes, que ce soit un Canon, un Nikon, un Olympus ou un Pentax...

Bien que très polyvalent et de qualité haut de gamme, il est reproché au D80 une tendance à la surexposition. Comment pallier ce problème ?
Nu artistique

V.L. : En effet on lit souvent cela, et cette surexposition peut se vérifier en pratique face à un sujet contrasté. En réalité, plusieurs facteurs rentrent en jeu.
D'une part, le mode de mesure de la lumière : D80 ou pas, une mesure Moyenne, Évaluative, Multizone ou Matricielle va calculer une exposition moyenne sans parfaitement tenir compte de la nature du sujet.
Les algorithmes et programmes ont beau être de plus en plus évolués, ils ne sont pas infaillibles et ceux employés par le D80 ont du mal à gérer certaines situations, d'où une surexposition. Le Nikon D200, lui, dispose d'un autre module de mesure plus efficace.
Par ailleurs, la dynamique du capteur, l'écart maximal entre le noir et le blanc qu'il peut encaisser, reste un peu faible sur le D80. Les zones très claires de l'image ont souvent tendance à "cramer" et souvent on prend ce problème de dynamique pour une surexposition alors qu'il n'est pas toujours lié à l'exposition globale de l'image.
Éviter la surexposition avec le D80 est délicat, mais la réduire est facilement faisable. En optant pour une mesure de la lumière Centrale pondérée et en apprenant à l'interpréter, on obtient de meilleurs résultats que le plus affûté des algorithmes. Moyennant la compréhension du mode de mesure et de la lumière elle-même, l'exposition des images est bien meilleure...
De plus, travailler en RAW et non en JPEG impose certes un peu plus de traitement des images, mais autorise bien plus de souplesse en prise de vue, un peu comme le film négatif par rapport à la diapo...

Propos recueillis par Laetitia Maraninchi.

Recevez nos newsletters
Vous serez régulièrement informé(e) de toutes nos nouveautés. Inscription