1 époque, 1 métier : le ramasseur de mégots, un tabac de seconde main
Depuis l'Antiquité, des milliers de métiers se sont succédé à travers les âges. Des plus extravagants aux plus ingrats. Explorons ensemble 1 métier insolite qui a été oublié : le mégotier.
Un métier populaire
À l’époque, la cigarette n’avait pas encore pris le pas sur la pipe ou la chique, et le tabac était un bien précieux. En France, durant les années 1870, un observateur décrivait ainsi ces travailleurs : « Ces derniers ramassent partout, dans le ruisseau, dans les vespasiennes. Ça leur est égal. » Une fois leur collecte terminée, ils rentraient chez eux pour fabriquer une mixture, souvent jugée meilleure que le tabac de la Régie et surtout bien moins chère. Cette pratique était surtout répandue parmi les balayeurs et les chiffonniers, des travailleurs très peu rémunérés des grandes villes.
À Londres, une occupation de vagabonds
De l’autre côté de la Manche, à Londres, les ramasseurs de bouts de cigare, appelés « cigar-end finders », étaient principalement des gamins irlandais. Ils arpentaient les rues à la recherche de mégots. Un kilo de tabac d’occasion pouvait leur rapporter un shilling, une petite somme, mais qui leur permettait de subsister. Ce travail était souvent vu comme une occupation de vagabond ou une tâche réservée aux chiffonniers, ceux-là mêmes qui fouillaient les ordures pour trouver des objets à revendre.
Un métier sujet au mépris
Bien que cette activité ait permis à de nombreuses personnes de survivre dans les conditions difficiles des grandes villes industrielles, elle était aussi très mal vue. Le terme de « mégotier » était même utilisé comme une insulte pour désigner une personne paresseuse ou avare. De nos jours, on entend encore des expressions comme « mégoter » pour qualifier quelqu’un qui est excessivement économe.
Le métier de ramasseur de mégots, bien que nécessaire à l’époque, appartient désormais au passé, mais il témoigne de la dureté de la vie urbaine au xixe siècle et de la manière dont certains travailleurs ont su se débrouiller pour survivre dans un monde où la pauvreté régnait.