Comprendre et apaiser les rivalités entre enfants dans une famille recomposée
Découvrez le deuxième article de notre série, inspirée du livre Familles de Nicole Prieur et Anne Ghesquière, ainsi que de leur émission à succès sur le podcast Métamorphose.
Cette série d’articles, dans le prolongement de leur livre, a pour ambition de vous offrir les clés pour explorer vos relations avec les autres et avec vous-même, mieux comprendre qui vous êtes et trouver votre place.
Quand une famille se recombine, un nouvel équilibre se crée
Pour comprendre ces dynamiques parfois subtiles, il est essentiel de se mettre à la place de chaque enfant lorsqu’une nouvelle famille se forme.
Dans une famille recomposée, chacun arrive avec son histoire, ses habitudes, ses forces et ses fragilités. Pour un enfant, ce nouvel univers représente un vrai chamboulement : de nouveaux rythmes à accueillir, un quotidien à partager avec d’autres enfants, la présence d’un beau-parent à apprivoiser. Et derrière tout cela, une peur fondamentale : vais-je perdre ma place auprès de mon parent ? Vais-je réussir à trouver ma place dans ce nouveau groupe familial ?
Les rivalités qui apparaissent entre enfants ne sont pas des signes d’échec. Elles traduisent un besoin fondamental : être reconnu, rassuré, se sentir légitime. Comme le rappelle Anne Ghesquière dans Métamorphose, les enfants comprennent très vite qu’ils ont intérêt à tisser un lien – même fragile – avec les autres enfants.
Quand les différences de mode de vie creusent l’écart
Ces tensions ne naissent pas uniquement de la recherche d’une place affective. Elles se nourrissent aussi des différences visibles entre les univers que chaque enfant apporte avec lui. Parfois, ce qui crée la tension n’est pas tant la présence de l’autre que la comparaison entre deux mondes.
Comme le souligne Anne Ghesquière, ces écarts de mode de vie peuvent réveiller des blessures : un enfant habitué aux voyages lointains, aux vêtements de marque ou aux cadeaux fréquents, face à un autre dont le quotidien est plus simple et ordinaire. La comparaison devient alors douloureuse. L’enfant qui se sent moins favorisé peut se demander s’il appartient vraiment à ce nouveau groupe fraternel et peiner à y adhérer.
Le sentiment d’injustice des aînés : une réaction humaine et fréquente
Un phénomène inattendu : la naissance d’un nouvel enfant, un médiateur naturel
Pourtant, certains événements peuvent à la fois bousculer les équilibres et apaiser les tensions. Nicole Prieur note par exemple que l’arrivée d’un enfant issu du couple recomposé rend souvent la nouvelle configuration familiale plus lisible. Les enfants comprennent que le couple d’origine ne se reformera pas. Et paradoxalement, cette évidence les libère : elle met fin à l’espoir d’un retour en arrière.
Devenir grand frère ou grande sœur offre aussi une nouvelle identité, un rôle rassembleur. Autour de ce bébé, les liens se tissent plus naturellement, notamment avec le beau-parent, et les rivalités passent souvent au second plan. Même si ce bébé vit en continu avec ses deux parents, les autres enfants ne deviennent pas plus jaloux que dans une famille « classique ». Il peut même devenir un repère, un pont, et parfois un moteur de cohésion pour tous.